Il est bien entendu compréhensible qu’une personne veuille savoir ce que son futur navire va lui coûter chaque année et l’inquiétude sur le véritable coût de possession d’un bateau décourage sans aucun doute de nombreux propriétaires potentiels. Ceci est particulièrement fréquent chez les nouveaux acheteurs qui n’ont pas établi un budget prévisionnel de dépenses qui pourrait les aider à estimer le coût d’un bateau éventuellement plus grand que leur navire actuel.
Cela dit, se demander combien coûte de posséder un bateau équivaut à peu près à se demander combien coûte de posséder une maison. Pour certains, la réponse à cette dernière question se comptera en millions lors de l’achat, plus des centaines de milliers d’euros de frais chaque année. Pour d’autres, un investissement de 20 000€ et moins de 1000€ de frais mensuels suffiront.
Certaines personnes possèdent aussi des bateaux de 35 pieds très bien entretenus pour moins de 100€ par mois quand d’autres dépensent 10 fois ce montant. Néanmoins, les futurs propriétaires ont raison d’étudier les futurs coûts potentiels de leur achat. Ceux-ci peuvent être classés en sept domaines principaux.

Pour la plupart des propriétaires, l'amarrage est ce qui coûte le plus cher annuellement. (Crédit Photo : Yachtworld / DR)
De nombreux coûts, tels que la place de port et les sorties d’eau, le stockage à terre, ont tendance à varier selon la longueur totale du bateau, y compris les appendices. A l’exception des ports qui facturent en fonction de la surface totale occupée par le bateau, c’est à dire longueur et largeur, le plus souvent l’augmentation des coûts est basée sur la longueur hors-tout du bateau.
D’autres coûts, dont le carburant pour les bateaux à moteur, les voiles, le gréement et l’accastillage de pont pour les voiliers sont également très variables. Cela peut changer en fonction de la longueur totale et du déplacement croissant du bateau, ce qui signifie encore une fois bien sûr que les bateaux plus gros ont tendance à coûter beaucoup plus cher que ceux plus petits.
Sommaire
- Dévalorisation
- Remplacement de l’équipement, mises à niveau
- Place de port
- Assurance
- Sortie d'eau et coûts d’entretien annuel
- Carburant
- Imprévus
Dévalorisation
Prévoir la dévalorisation d’un bateau n’est jamais simple, en particulier dans un marché sans grande quantité de données ou d’informations. Les chiffres varient également en fonction du type et de l’âge du bateau. À titre indicatif, les nouveaux navires perdent généralement environ 40 à 50% de leur valeur initiale au cours des 8 à 10 premières années avec environ la moitié du montant atteint dans les deux ou trois premières années. Après 10 ans, la dévalorisation du bateau ralentit à moins de 5% chaque année.
Avec un bateau plus ancien, de plus de 25 ans, il peut y avoir une petite baisse de la valeur de la coque et de la structure. Cependant, les systèmes et équipements représenteront alors une part importante de la valeur totale. D’autant plus que les attentes d’aujourd’hui visent une plus grande sophistication par rapport au passé. L’âge et l’état de ces équipements ont donc un impact significatif sur la valeur du bateau, mais lors de la revente vous ne récupérerez qu’une partie de l’argent dépensé pour l’achat d’équipements et de matériels neufs.
Sur les bateaux, on a tendance à remplacer les batteries tous les cinq ans ; l’électronique, les tauds, les voiles de croisière et le gréement tous les dix ans ; vaigrages, réfrigérateurs et autres équipements domestiques, y compris les groupes électrogènes tous les 15 ans et les moteurs tous les 25 ans. Cela produit généralement un budget assez élevé. Mais à moins que vous ne soyez vraiment malchanceux, avec un bon entretien, ces équipements dureront plus longtemps que prévu et vous aurez ainsi plus d’argent disponible pour les dépenses imprévues.

Les bateaux plus gros ont tendance à être beaucoup plus coûteux à exploiter en raison des systèmes complexes. (Crédit Photo : Yachtworld / DR)
Mises à jour et remplacement de l'équipement
Les points précédents constituent un point de départ intéressant pour calculer le coût potentiel de remplacement, de mise à niveau et de renouvellement des équipements. Dans cette catégorie, il est facile de dépenser une grosse somme d’argent, en particulier pour les fans de technologie ou ceux qui souhaitent naviguer avec le plus de confort possible. Il ne serait pas surprenant de trouver des entreprises très heureuses de vous faire dépenser de l’argent afin d’équiper votre bateau de la dernière technologie. Il est donc important de faire la distinction entre les dépenses essentielles pour entretenir votre bateau et les détails inutiles si vous n’avez pas le budget disponible. De plus, prendre toutes ces données en compte vous permettra d’évaluer correctement le prix de votre bateau lors d’une éventuelle revente.
Place de port
La place de port a de loin le plus gros impact sur les dépenses annuelles. Surtout selon le niveau de facilité d’accès à votre bateau, selon que vous soyez sur un ponton accessible 24/7 ou au mouillage sur corps-mort accessible uniquement en annexe ou bateau-taxi.
D’autre part, pour un bateau de 40 pieds (12 m), il est possible de dépenser plus de 10 000€ par an pour une place dans un port de plaisance comme Saint-Raphaël. Mais d’autres options sont possibles à proximité, quoique dans des milieux moins réputés, mais pour même pas la moitié de ce prix. Les places dans les zones accessibles de Saint-Raphaël peuvent coûter entre 1500 et 2500€ par an et souvent les listes d’attente ne sont pas très longues. Au même endroit, il peut y avoir des places pour les petits bateaux à moins de 300€ par an. Dans les régions les moins peuplées de France, les prix des ports ont tendance à être plus bas et une plus grande proportion de bateaux sont placés dans des mouillages à faible coût, où beaucoup dépensent beaucoup moins de 1000€ par an, même pour des bateaux de 12-13 mètres. Une option afin de réduire les coûts est de garder le bateau dans des ports où les prix varient l’été, puis de le déplacer dans un port à un prix inférieur pendant l’hiver. Le choix de la place de port constitue donc un point très important lors de l’achat de votre bateau.
Assurance
C’est une dépense qui peut être facilement estimée d’avance. L’assurance maritime est un marché très concurrentiel, et les prix sont étonnamment raisonnables, à condition de ne pas s’engager dans des activités à hauts risques comme les courses au large ou les navigations en solitaire. On peut estimer que la prime d’assurance pour un bateau d’une valeur d’environ 100 000 € soit d’environ 0,4 à 1 % de cette valeur.
Le coût de l’assurance exprimé en pourcentage augmente pour les bateaux de moindre valeur, reflétant ainsi les coûts fixes de gestion et les risques des tiers. De nombreux propriétaires de bateaux d’une valeur inférieure à 5000 ou10 000€ optent pour une assurance au tiers qui peut coûter moins de 100€ par an.
Sortie d'eau et coûts d'entretien annuel
Les coûts d’entretien ont tendance à être beaucoup moins prévisibles que la plupart des autres coûts ci-dessus. Cependant, il n’est pas difficile d’établir un minimum. En général, chaque bateau aura besoin d’une sortie d’eau annuelle, d’un antifouling, d’un entretien du moteur et d’autres petits achats tels que les anodes à changer. La plupart des chantiers navals communiquent leurs tarifs de sortie d’eau et de stockage à terre, il ne devrait donc pas être trop difficile de calculer ces coûts dans votre région. Un conseil utile cependant est de regarder si les tarifs proposés en été ne sont pas réduits pour rester au sec pendant une semaine par exemple.
À bord des voiliers, les poulies et le gréement courant doivent également être vérifiés annuellement, puis l’accastillage de pont comme les winches ou le guindeau doivent être entretenus. Tous les systèmes ou le moteur des bateaux plus anciens auront probablement besoin d’un peu plus d’attention afin qu’ils soient toujours entièrement fonctionnels et l’achat de pièces de rechange chaque année est inévitable. Le coût de ces dernières peut varier de quelques centaines d’euros pour un petit bateau relativement simple à plusieurs milliers d’euros pour un navire plus grand et plus complexe.
Carburant
Il s’agit d’une dépense qui varie en fonction de l’utilisation du bateau et qui ne doit pas être ignorée, sauf pour les voiliers qui ne parcourent que de courtes distances au moteur. Pour la plupart des bateaux et toutes les versions de moteurs, il est possible de trouver en ligne les données de consommation de carburant. Elles pourront être utilisées pour calculer une prévision de dépense annuelle basée sur l’utilisation envisagée ainsi que la distance annuelle à parcourir.
Imprévus
Il y a une infinité de possibilités de dépenses imprévues sur un bateau, surtout si vous prévoyez de vous aventurer loin de votre port d’attache. Aussi est-il prudent de garder une certaine marge à la fois de trésorerie et dans vos prévisions de budget annuel. Dans de nombreux cas, prévoir 20% de marge semblerait judicieux. Ne vous inquiétez pas cependant si cela signifiait que le bateau de vos rêves semble être hors de portée. Il y a une grande différence de mode de vie entre ceux qui possèdent un bateau quel qu’il soit par rapport à ceux qui n’en n’ont pas. En réalité, un bateau plus grand et plus cher n’est qu’une alternative à un bateau plus économique mais qui existe bel et bien et qui pourra vous donner toute satisfaction.
Voici d'autres questions fréquemment posées au sujet du coût de possession d'un bateau :
QUEL EST LE PRIX MOYEN D'UN BATEAU POUR HABITER A BORD ?
Les premiers prix sont autour de 15.000 euros et peuvent vitre monter à plus de 50.000 euros selon le niveau de confort attendu, et jusqu'à plusieurs millions pour un superyacht. Il est bien sûr fortement recommandé d'assurer sa « maison sur l'eau», même si théoriquement ce n'est pas obligatoire.
QUELLES TAXES SUR LES BATEAUX ?
Tout navire répondant aux critères de taxation (à partir de 7m ou de 22CV) fait l’objet du calcul du montant de la taxe selon les modalités décrites sur le site du Ministère de la Mer. Le droit est calculé en fonction de la longueur de la coque du navire et de la puissance administrative de ses moteurs. Les montants des droits sur la coque et sur les moteurs sont additionnés pour donner le montant de la taxe avant abattements et majorations.
Note de l’éditeur : cet article a été publié par Ruppert Holmes le 31 mai 2024, mis à jour et adapté en avril 2025 par François Trégouët.